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vertu ? Tu as receu les préceptes et enseignemens comme tu te dois composer, et t’es composé. Quel précepteur donques attens qui te rabille et censure ! Tu n’es plus enfant, mais homme perfait. Si tu es à ceste heure nonchalant et paresseus, et eloignes tousjours d’un demain à l’autre, bornant le temps de ton apprentissage, tu seras tout estonné que tu n’auras en rien avancé, mais demourras sot et beste tout le temps de ta vie, et mourras encor’ tel. Maintenant donc mets peine de vivre comme perfait et profitant tous les jours, et tien pour loy inviolable tout ce qui te semblera estre juste et bon. Et en quelconque chose qui se présente pénible ou gratieuse, honorable ou deshonneste, te souvienne que nous sommes au combat, et que les jeus Olympiens sont presens, et qu’il ne faut plus de delay ou remise. Et si nous refusons quelque-fois la lice, et perdons la bataille, nous maintenons ou perdons nostre avancement. En ceste façon Socrate fut consommé se présentant à toute occurrence, et ne s’arrestant à rien du monde qu’à la raison. Quand à toy, si tu n’es encore Socrate tu dois pourtant vivre comme desirant estre Socrate.

Chapitre LXII.

Le principal et nécessaire lieu de la philosophie est l’usage des regles et enseignemens, comme cestuicy, de ne mentir point. Le second, des démonstrations, comme qu’il ne faut point mentir. Le troisiesme est celuy qui tend à confirmer et prouver les préceptes. La démonstration est savoir et faire entendre la conséquence, et la contrariété de la vérité et du mensonge. Parquoy le troisieme lieu est