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Le Vingtième Siècle

tagnes de la Catalogne, mais il apparait dans la plaque de cristal du téléphonoscope, cette admirable invention, amélioration capitale du simple téléphonographe, portée récemment au dernier degré de perfection par Philoxène Lorris lui-même.


M. Philox Lorris mis en actions.
Cette invention permet non seulement de converser à de longues distances, avec toute personne reliée électriquement au réseau de fils courant le monde, mais encore de voir cet interlocuteur dans son cadre particulier, dans son home lointain. Heureuse suppression de l’absence, qui fait le bonheur des familles souvent éparpillées par le monde, à notre époque affairée, et cependant toujours réunies le soir au centre commun, si elles veulent, — dînant ensemble à des tables différentes, bien espacées, mais formant cependant presque une table de famille.

Dans la plaque du télé, abréviation habituelle du nom de l’instrument, Philoxène Lorris apparaît, arpentant aussi sa chambre, un cigare aux dents et les mains derrière le dos. Il parle.

« Mais enfin, mon cher, dit-il, j’ai eu beau chauffer et surchauffer ton cerveau pour faire de toi ce que moi, Philoxène Lorris, j’étais en droit d’attendre et de réclamer, c’est-à-dire un produit de haute culture, un Lorris supérieur, affiné, perfectionné, voilà tout ce que tu m’offres pour fils à moi : un Georges Lorris, gentil garçon, j’en conviens, intelligent, je ne dis pas le contraire, mais voilà tout… simple lieutenant d’artillerie chimique à… Quel âge as-tu ?

— Vingt-sept ans, hélas ! répondit Georges avec un sourire en se tournant vers la plaque du téléphonoscope.

— Je ne ris pas, tâche un peu d’être sérieux, fit avec vivacité Phi-