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Le Vingtième Siècle

coup plus sensibles à la musique que leurs pères aux nerfs plus calmes, gens sains, assez dédaigneux des vains bruits, et ils vibrent aujourd’hui, à la moindre note, comme les grenouilles de Galvani sous la pile électrique

M.  Philox Lorris ne se serait pas contenté du concert envoyé téléphoniquement par les compagnies musicales ; il offrit à ses abonnés l’ouverture d’un célèbre opéra allemand de 1938, cliché pour Télé à la première représentation, avec le maître — mort couvert de gloire en 1950 — conduisant l’orchestre. Pendant cette exécution par Télé de l’œuvre du petit-fils de Richard Wagner, Estelle Lacombe, qui s’était assise dans un coin, à côté de Georges, lui pressa soudain le bras.

« Ah, mon Dieu ! dit-elle, écoutez donc ?

— Quoi ? fit Georges, cette algébrique et hermétique musique ?

— Vous ne vous apercevez pas ?

— Il faut l’avoir entendue trente-cinq fois au moins pour commencer à comprendre…

— Je l’ai entendue hier, moi, j’ai essayé le cliché pour voir…


le musicophone de chevet.

— Gourmande !

— Eh bien ! aujourd’hui, c’est très différent… Il y a quelque chose… cette musique grince, les notes ont l’air de s’accrocher… Je vous assure que ce n’est pas comme hier !