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Le Vingtième Siècle.

quelconque… l’éducation pratique que je vous ai fait donner, vous a mise à même de choisir : à votre âge, une jeune fille doit songer à se créer une position sociale…

— J’avoue, mon cher tuteur, n’y avoir pas encore pensé.

— Pas pensé à cela ! pas pensé à la carrière que vous devez embrasser ! Que faisiez-vous donc au lycée de Plougadec-les-Cormorans ?

— Je m’ennuyais ! répondit Hélène.

— Vous me troublez prodigieusement ! Voyons, réfléchissez ! comme tuteur, je vous invite à vous prononcer pour une carrière quelconque ! Il le faut !


nouvelles carrières féminines. — la médecine.

— Je croyais n’y être pas forcée, balbutia Hélène ; je ne me sens de goût bien déterminé pour aucune carrière.

— Aucune carrière ! Croyez-vous donc pouvoir vous passer d’une profession ?

— Je croyais… je pensais…

— Toutes les carrières sont ouvertes maintenant à l’activité féminine : le commerce, la finance, l’administration, le barreau, la médecine… Les femmes ont conquis tous leurs droits, elles ont forcé toutes les portes… Mes filles à moi, élevées par un père pratique, entendent ne pas rester des inutilités sociales : elles entrent dans la finance ; ma maison de banque est réservée à mon fils Philippe, mais Barbe prendra la succursale de New-York et Barnabette celle de Constantinople… Vous avez reçu la même éducation pratique qu’elles, en auriez-vous moins profité ?

Hélène baissait la tête.