hommes ! Il y a entre elles et nous inégalité de
nature, de sens, de condition, et vous voulez
qu’il n’y ait pas inégalité dans les actes ! Si elles
faisaient concurrence aux hommes sur ce
point, ne faudrait-il pas qu’elles rivalisassent
avec eux pour le reste ; qu’elles eussent des
cités, des villes, des maisons, des arts, des
magistrats, des lois, des tribunaux ; alors vous
n’auriez pas des troupeaux de brutes, mais des
républiques d’animaux raisonnables. Si donc
la nature, qui est une ouvrière si intelligente
qui va toujours droit à son but, sans s’égarer
jamais, a orné l’homme, sa plus belle créature,
de tous les attributs les plus nobles, elle ne peut
lui refuser cet avantage sans manquer à ce
qu’elle lui doit, à ce qu’elle se doit à elle-même.
Elle a voulu que les bêtes se nourrissent toujours
du même aliment, tandis que l’homme a besoin
dans ses mets de profusion et de variété pour
vivre et se soutenir. À ce sens du goût correspond
celui du tact ; le premier, réduit à une
seule nature d’aliments, resterait imparfait ;
l’autre réduit à une seule espèce de sensations
amoureuses, resterait impuissant et misérable.
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ALCIBIADE