Page:Rochemonteix - Quelques contes nubiens, 1888.djvu/14

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— 4 — •

sout une race mixte, reste des derniers champions de la cause nègre dans la lutte tant de fois séculaire qui s’est livrée, sur les bords du Nil, entre deux grandes familles humaines, les fils de Kush frère de Misraïm et les noirs Soudaniens. Chez eux le corps a cette élégance de formes qui est T apanage des Bisharis, des tribus de la Mer Rouge et de T Abyssinie, avec des caractères qui rappellent le nègre.* D’Ibrim à Sukkod, surtout dans le Mahas, quelques individus semblent appartenu- à la race noire. Mais le type kushite tend à prédominer dans nombre de cantons, en dépit des effets de l’esclavage, qui, jusqu’à ces temps derniers, a contribué à maintenir l’influence de l’autre sang. C’est au contraire l’élément soudanien qui a la prépondérance morale et impose sa langue. Les Barbarius, en effet, comme l’a établi avec autorité R. Lepsius,* parlent une langue nigritienne qui résonne sans écho au milieu des langues voisines. L’étude de leurs dialectes a permis de reconnaître plusieurs divisions primitives dans la race :^ Un premier dialecte occupe les deux extrémités du pays bar- 1. Sur les croisements de races dont le Soudan est encore aujourd’hui le théâtre, voy. ToPiNABD, L’Antkropoloffie, 3* éd., p. 387. 2. Gramm. nub., Introduction.

3. D’après les gens du Dongx)la, le pays des Barbarins (des Nobawia du Kordofan, dont le nom est devenu synonyme d’esclave, ils n’aiment ims à faire mention) est habité par les fractions suivantes :

Mattokki (traduit ordinairement pai* «OrientaU, que je traduirai ici par «homme de gauche» en regardant la Mecque. Comp. in «celui-ci», in iion «à droite», avec man «celui-là», d’où matkm «de gauche»), au Wadi Kenus ; Arabel ëoad (non Barbarins), au Wadi el-Arab ; ï’eiadika, au Wadi Nuba-, SdkkodAsih, au Dar Sukkod ; Ma-HAsi, au Dar el-Mahas ; Dunoulawi, depuis la troisième cataracte jusqu’aux environs du Gebel Barkal.

Dans la liste de M. Reiniscu (voir NubaSprcuke, II, p. 38), le nom de Fadija ou Fiadija, ou, comme il écrit ailleurs, Fadidscha, appartient aux gens du Sukkod. En réalité, le nom de Fadikka ou Feiadika est un sobriquet, qui s’applique aux habitants de la vallée depuis Derr jusqu’à Soleb. Je n’ai pour le moment à en donner aucune interprétation qui ne soit hypothétique. Mais il ne faut considérer l’étymologie par à peu près de «moribonds», qu’ont rapportée M. Reinisch (I, p. 133) et