Page:Roches - Oeuvres.djvu/165

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
150
LES OEUVRES

De faire des tapys, couuertes, & courtines.
A elle ſeulement pour accouſtremens dignes
De ſes rares valeurs, le pourpre est ſuffiſant :
Mais elle a vn habit qui luy eſt mieux duiſant
De ſage Temperance, & de ſaincte Iuſtice,
De Fortitude auſſi, qui faict la guerre au vice,
De Prudence guidant toutes ſes actions,
Chaſcun la reconnoiſt pour ſes perfections.
Son mary est priſé en tous lieux de la ville,
Pour eſtre poſſeſſeur de femme ſi gentille :
Ell’ a deſſus ſa langue un coulant fleuue d’or,
Et tient en ſon eſprit un precieux treſor
De graces & vertus ſa parfaicte eloquence,
Monſtre par ſes propos la vraye ſapience :
Ell’ eſt douce, benigne, & conduit ſagement
Le train de ſa maiſon, non pas oyſiuement :
Car elle faict avoir, & le pain, & la peine,
Voulans que le travail un doux repos ameine :
Ses enfans ſont autour qui reuerent ſans fin
Le diſcret iugement de ſon eſprit divin :
Son mary la voyant ſur toutes admirable
Confeſſe qu’en la terre elle n’a de ſemblable :
Pluſieurs Dames pourtant ont faict digne recueil
De graces & beautez qui plaiſent fort à l’œil,
Mais tu les paſſes tant (O Dame d’excellence)
D’autant qu’vn bon propos ſurpaſſe le ſilence,
D’autant qu’un iour luiſant paſſe l’obſcure nuict,
Ta rarité d’autant ſur les autres reluit.
La beauté ſe fleſtriſt, la grace eſt decevable,