Page:Rodenbach - L’Élite, 1899.djvu/221

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homme content, un homme de son temps, décelant des origines plutôt plébéiennes.

Un homme venu à son heure.

Et la chambre, tout autour, s’égayait aussi, sans luxe, mais propre et blanche avec ses fenêtres aux rideaux de mousseline naïfs — on aurait dit des premières communiantes, après la messe, qui rient…

Chez Mgr d’Hulst, dans son grand salon sévère, à l’Institut catholique de la rue de Vaugirard, dont il était le recteur, on avait le sentiment d’un exil : un bureau-ministre, des meubles d’un ancien luxe, des portraits qui semblaient d’amis détrônés.

Lui-même apparaissait austère, puritain, triste, froid. Il vous appelait toujours « Monsieur ». Aucune familiarité. Pourtant on le jugeait sage. On le savait de conseil sûr. Combien défilèrent là pour avoir ses avis !

Certes c’était le gardien des Tables, l’étalon du devoir strict avec lequel on se confronte. C’était l’homme de loi des procès de la conscience, élucidant les arcanes, triant les scrupules, qu’on consulta comme le jurisconsulte de Dieu. Mais les conseils, les avis dont il n’était pas chiche, il avait l’air de les distribuer comme une aumône spirituelle, comme un secours à d’anciens serviteurs dans la détresse. Ministre tombé qui donne des consultations gratuites à ses gens.