Page:Rodenbach - L’Élite, 1899.djvu/88

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poétique nouveau : « la rime, ce bijou d’un sou ». — « Prends l’éloquence et tords-lui le cou. » — « Le mètre impair ; la nuance »… N’est-ce pas curieux toutes ces théories, à la fois sur le fond et sur la forme, chez celui dont l’art apparaît si irréfléchi et spontané. Quoi ! de la géométrie autour de ses poèmes ! On s’étonne de l’anomalie comme de voir l’œil de Dieu dans un triangle, au maître-autel de certaines églises.

Une église ; c’est l’impression que donnera dans l’avenir, l’œuvre de Verlaine. Non pas une cathédrale, amas de pierres énormes, clochers qui montent à l’assaut de l’air, vitraux comme des jardins de pierreries. C’est Victor Hugo qui est cette Notre-Dame de la Poésie. Verlaine aura construit une Sainte-Chapelle, aux ciselures expertes, aux gargouilles de démons, avec des fresques célestes pour lesquelles des anges authentiques sont venus servir de modèles, avec un bénitier qu’il a rempli de ses larmes.

Il y travailla d’une âme simple et vaillante. Mais tant que l’homme vit, il s’interpose et lui-même empêche la vue de son œuvre. Et aussi s’interposent les envies, les légendes, les incompréhensions. Toutes ces choses sont comme des échafaudages autour d’une construction qui s’élève. Le bâtiment la porte tout entière en lui déjà. Il y a peut-être une tour qui s’arrêtera on ne sait quand. Les hommes regardent, admirent