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Et, tout autour, les anciennes couronnes, les fleurs, les bouquets, tout fripés, recroquevillés, séchés, déteints ; rubans pâlis, inscriptions aux lettres en allées, lyres de cartons qui s’émiettent, spectres de roses, cadavres de fleurs qui aussi se décomposent…

Comme tout cela est presque triste quand on songe au poète acclamé durant un demi-siècle !

Voilà pour son corps.

Et son œuvre ? Elle est aussi un peu délaissée déjà, cependant qu’elle se continue encore.

Un soir, comme Hugo allait faire une lecture, chez lui, après le dîner, il déclara au moment de communiquer ses poèmes : « Messieurs, j’ai soixante-quatorze ans et je commence ma carrière. »

Il aurait pu dire la même chose au moment de sa mort. Car il laissa une œuvre posthume compacte, déjà parue en partie. Ces poèmes sont très divers de tons, d’attitudes, de latitudes, pourrait-on dire, et de dates, allant de 1840 à 1880.

Hugo garda parfois très longtemps des œuvres par devers lui, donnant cette impression de luxe d’une âme qui a le temps. Ainsi son Théâtre en Liberté qui date sans doute de