Page:Rodenbach - Le Carillonneur, Charpentier, 1897.djvu/274

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Mais ces dithyrambes et ces menaces ne firent qu’envenimer l’affaire. Le patronage de Borluut fut moins efficace que nuisible, à cause des animosités qu’il avait excitées en prenant une attitude d’opposition dans l’affaire du Port-de-Mer. On fut sur le point de faire enlever, d’office, les peintures. À ce moment, le collège intervint, un peu inquiet du bruit suscité, et n’osant assumer la responsabilité du cas. Il conféra avec l’artiste, essaya des moyens de conciliation.

De guerre lasse, on accepta de part et d’autre l’arbitrage d’une Commission exclusivement composée de peintres, et que chacune des deux parties en cause élirait pour moitié. On convint aussi qu’on choisirait comme président, et afin de s’assurer toute impartialité, un artiste français, célèbre, qui exposa fréquemment en Flandre.

Voici ce qui arriva : quand ces peintres se trouvèrent réunis devant les fresques de Bartholomeus, ce fut un élan unanime, un cri de surprise et d’admiration pour cette œuvre d’une unité si parfaite, dont le symbolisme était clair, en somme, et qui attestait une science, une sûreté de son art, une entente du sens des lignes et de la concordance des tons, vraiment déconcertantes. On était en présence d’un maître, qui faisait honneur à l’art flamand et à la ville de Bruges.

Un rapport fut rédigé dans ce sens et transmis.

Borluut exulta, triompha bruyamment. La cam-