Page:Rodenbach - Le Règne du silence, 1901.djvu/148

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Aux meilleurs souvenirs d’enfance et de regret :
Car en les entendant, les vieilles cloches noires,
— Bruit d’airain, grincement de serrure-on dirait
Que se sont, dans le ciel, rouvertes les armoires
Où dorment, sans emploi, nos layettes d’enfant
Dont le beau linge, à lents coups de cloches, se fend
Puis s’envole, vidé de gestes, blancs mélanges…
Et j’écoute sur moi la chute de mes langes !
Combien d’autres rappels des choses d’autrefois :
Des couronnes de sons sur d’anciens convois
De morts qu’on oubliait et qu’on se remémore ;
Et ces effeuillements vagues dans l’air sonore !
Vieilles cloches vidant leurs corbeilles de fer
D’où tombe un buis d’antan aux branchettes fanées,
Le buis bénit d’un temps pascal lointain et cher…
Et je recueille en moi le buis mort des années !