Page:Rodenbach - Le Règne du silence, 1901.djvu/78

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XI

L’eau, pour qui souffre, est une sœur de charité
Que n’a pu satisfaire aucune joie humaine
Et qui se cache, douce et le sourire amène,
Sous une guimpe et sous un froc d’obscurité ;
Son amour du repos, son dégoût de la vie
Sont si contagieux que plus d’un l’a suivie
Dans la chapelle d’ombre, au fond pieux des eaux,
Où, tranquille, elle chante au pied des longs roseaux
Dont l’orgue aux verts tuyaux l’accompagne en sourdine.
Elle chante ! Elle dit : « Les doux abris que j’ai
Pour ceux de qui le cœur est trop découragé… »