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qu’il montra un air heureux, comme s’il se retrouvait au milieu d’anciens amis.


— Que de fois, me dit-il, suis-je venu ici autrefois, quand je n’avais encore qu’une quinzaine d’années. J’avais eu d’abord le violent désir d’être peintre. La couleur m’attirait. Je montais souvent là-haut pour admirer les Titien et les Rembrandt. Mais hélas ! je n’avais pas assez d’argent pour m’acheter des toiles et des tubes de couleurs. Pour copier les Antiques, au contraire, je n’avais besoin que de papier et de crayons. Je fus donc forcé de ne travailler que dans les salles du bas et j’y pris bientôt une telle passion pour la sculpture que je ne pensai plus à rien d’autre.


En entendant Rodin me raconter ainsi les études qu’il fit d’après l’antique, je songeai à l’injustice des faux classiques qui l’ont accusé de s’être insurgé contre la tradition. La tradition ! c’est ce prétendu révolté qui, de nos jours, la connaît le mieux et la respecte le plus !

Il me conduisit dans la salle des moulages et, me désignant le Diadumène de Polyclète dont le marbre au British Muséum :