Page:Rodin - L’Art, 1911, éd. Gsell.djvu/69

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tant la main à plat sur la hanche de la statue :


— On s’attendrait presque, en tâtant ce torse, à le trouver chaud.


Quelques moments après :


— Eh bien ! que pensez-vous à présent du jugement qu’on porte d’ordinaire sur l’art grec ?

On dit — c’est l’École académique qui, surtout, a répandu cette opinion — que les Anciens, dans leur culte pour l’idéal, ont méprisé la chair comme vulgaire et basse et qu’ils se sont refusé à reproduire dans leurs œuvres les mille détails de la réalité matérielle.

On prétend qu’ils ont voulu donner des leçons à la Nature en créant avec des formes simplifiées une Beauté abstraite qui ne s’adresse qu’à l’esprit et ne consent point à flatter les sens.

Et ceux qui tiennent ce langage s’autorisent de l’exemple qu’ils s’imaginent trouver dans l’art antique pour corriger la Nature, la châtrer, la réduire à des contours secs, froids et tout unis qui n’ont aucun rapport avec la vérité.

Vous venez de constater à quel point ils se trompent.