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LE CHEVALIER DE SAINT-GEORGES.

périence chaleur succédaient en ce moment de larges gouttes d’eau, le vent menaçait d’éteindre la torche de Platon. Saint-Georges pressa le pas de son coursier ; il atteignait en ce moment la barrière.

— Tu ramèneras mon cheval aux écuries du duc d’Orléans, dit le chevalier à son heiduque ; tu viendras ensuite me retrouver au café des Arts.

» J’ai là une affaire à régler, continua-t-il, et j’ai donné ma parole.

Arrivé au coin de la rue du Coq, il descendit de cheval et s’achemina à pied vers le café. La pluie redoublait.

Il trouva en ce lieu beaucoup de gens réunis : d’abord M. de Laclos, officier d’artillerie connu, bien avant les Liaisons dangereuses, par une certaine épître à Margot qui fit quelque bruit sous le règne de la comtesse Dubarry ; puis les chevaliers Parny, de Chateau-Blond, Dorat, La Morlière et quelques autres habitués…

La plupart se levèrent dès que Saint-Georges parut, il n’y eut que La Morlière qui resta assis.

Saint-Georges ne lui tendit pas la main ; il promena son regard sur le cercle d’originaux que le café renfermait…… Il y avait là un certain abbé Domino, ainsi nommé parce qu’il excellait à ce jeu, un M. Blondin qui se disait professeur de grammaire, et ne pouvait demander un petit pain sans exciter un fou rire par la manière dont il faisait retentir les p. À l’une des tables de marbre les plus lointaines du café se tenait le maître d’armes La Boëssière, plongé dans la lecture du Mercure de France, auquel il en-