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LE CAFÉ DES ARTS.

voyait souvent des vers, des chansons et des énigmes.

Le chevalier cherchait vainement de toutes parts le neveu de Mme Bertholet, quand la porte s’ouvrit et donna passage à un petit jeune homme mouillé jusqu’aux os.

M. de La Morlière, en le voyant entrer, ne put contenir un éclat de rire bruyant qui appela l’attention sur l’infortuné jeune homme…… Il faisait compassion en vérité, à voir son habit de ratine ruisselant de pluie et ses manchettes devenues en un clin d’œil un arrosoir. Le chevalier de La Morlière, après avoir frotté son lorgnon contre le velours de son frac, l’examinait comme une bête curieuse.

— Parbleu ! s’écria-t-il, c’est mon jeune homme d’avant-hier soir, celui qui m’a prié de bâiller plus bas au spectacle. Je l’ai attendu ce matin ici proche… au café de la barrière des Sergens……

— Où l’on a dû vous remettre, monsieur le chevalier, une lettre de moi, répondit le neveu de Mme Bertholet, enhardi par la présence de Saint-Georges, auquel (sans leurs conventions réciproques) il eût été si fier, de donner la main.

— C’est parbleu vrai ! mon jeune fils, reprit La Morlière d’un air d’impertinence marquée, vous me priiez, je crois, de remettre la leçon à ce soir. Vous ignorez, mon cher, qu’on ne se bat point aux chandelles. Avec la pluie et le vent, cela serait beau ! continua-t-il en se versant un verre de kirsch.

— Voilà qui est bien pour le terrain, chevalier, reprit Saint-Georges en s’adressant à M. de La Morlière, il fait un temps du diable, et je ne conçois pas