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LA PETITE MAISON D’UN FINANCIER

— Mais non pas de boire ! reprit le comte de Lauraguais, il s’en acquitte comme un gendarme Dauphin.

— Divine Pallas, monseigneur tombe dans l’amour platonique avec sa Vénus, dit M. de Genlis à la Guimard.

— Au lieu de te faire du mauvais sang contre ce masque, de Vannes, tu devrais plutôt réveiller ton endormie, dit Lauraguais.

— Cela n’est pas si facile, répondit le capitaine, qui se prit à réfléchir.

Tout d’un coup il s’écria :

— C’est un moyen comme un autre, et celui-là du moins ouvrira la bouche à ce damné masque !

Et, courant à son manteau, qu’il avait jeté sur un fauteuil, il en sortit une paire de pistolets. Il présenta l’un au masque et garda l’autre.

— Sortons, monsieur, lui dit-il.

Le masque avait saisi le pistolet ; mais il demeura assis, et ne suivit point de Vannes.

— Et il a raison, morbleu ! s’écria le duc de Chartres. Si tu veux, nous lui permettrons seulement de mesurer sa force avec la tienne. Voilà une statue de Jupiter au fond du jardin, qu’il tire sur elle de cette fenêtre.

La fenêtre ouverte, — il faisait alors demi-jour, — le masque s’en approcha. Le buste du dieu des dieux se trouvait à trente pas.

— À l’œil gauche ! s’écria le lieutenant.

Le masque ajusta ; sa balle alla frapper l’œil gauche de Jupiter.