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LA CHEVALIERE.

— Rassurez-vous, chevalier… Quelqu’un encore a pris soin de veiller sur vous et de conjurer l’orage… Il pouvait devenir terrible ! Ce quelqu’un c’est moi ; j’ai assuré de nouveau à M. le duc de Chartres que vous étiez restée cette nuit du bal à Sainte-Assise… Vous lui aviez dit à son départ que vous n’iriez point à l’Opéra, en sorte qu’il était déjà persuadé !…

— Comment, marquise, c’est à vous !…

— C’est à moi seule que vous devez d’avoir évité une disgrâce au sujet de Mlle Agathe…

— Vous ne pouvez m’en vouloir, marquise, d’avoir protégé votre belle cousine… Car elle est votre cousine, du moins elle me l’a dit.

— Elle a dit vrai, reprit Mme de Montesson avec une nuance légère de dépit… Elle a dû se plaindre de moi… m’accuser… Je lui interdis le Palais-Royal… Je suis une dure parente… Je ne vous accuse pas d’avoir entendu ces touchantes lamentations, chevalier ; vous faites vous-même des pièces de théâtre, les héroïnes malheureuses doivent vous aller…

— J’avouerai, marquise, que dans les discours de cette belle personne j’ai trouvé un véritable intérêt ; elle m’a ému, elle paraissait si triste !… Après l’avoir arrachée à un véritable péril, il m’eût plu de la savoir heureuse… heureuse par vous… qui pouvez l’arrachera son ennui… Je n’ai pas besoin, marquise de la défendre près de vous : sa jeunesse et sa grâce la recommandent… De tout ce qui s’est passé depuis que je vous ai vue, il ne reste en moi que le souvenir d’une action irréprochable. Si je n’en ai