Page:Roger de Beauvoir - Le Chevalier de Saint-Georges, v3, 1840.djvu/20

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
12
LE CHEVALIER DE SAINT-GEORGES.

première partie, vous le voyez, est entre miss Musk, au comte de Lauraguais ; il revient de son exil exprès pour la faire courir… Son concurrent est Corner, à M. le comte d’Artois. Pariez pour ce dernier…

— Si j’ose ouvrir un avis, insinua doucement M. Bruno en faisant ployer sous ses doigts un crochet rebelle et en présentant à Saint-Georges son miroir de toilette, — pariez, monsieur le lieutenant, pour M. le chevalier ; il a du bonheur… je ne vous dis que cela.

Et M. Bruno, par un coup d’œil subtil qu’il échangeait subtilement avec M. de Vannes, lui indiquait une pile de louis sur un des coins de la cheminée. Cette somme n’avait pas encore tenté, il faut le croire, les nerfs olfactifs du lieutenant, car, dès qu’il la vit, il courut les bras étendus vers elle et s’écria :

— Voilà, chevalier, une pyramide qui prouve en effet votre bonheur ! Est-ce au jeu de son altesse sérénissime le duc d’Orléans que vous avez raflé pareil gain ?

— Pas le moins du monde ; c’est un pari… Mon Dieu, oui ! le banquier Duhamel, ce vieil avare ! il a, vous le savez, la fureur de postuler pour son neveu. J’ai parié que le duc d’Orléans lirait avant hier, à huit heures, un placet de ce jeune abbé, qui demande un bénéfice à Bar-sur-Aube, et que, ce qui est plus grave, il lui accorderait la place. Il devait y avoir séance de l’escamoteur Pinelli, le même qui a broyé l’autre soir dans un mortier la montre de M. le duc