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LE CHEVALIER DE SAINT-GEORGES

Dans les salons du palais qui précèdent la galerie, l’éclat des girandoles le dispute à la magnificence des tapis et des dorures ; tout annonce une fête où l’on vient in fiocchi, une fête qui fera parler d’elle tout un grand mois.

C’est la douce princesse de Poix causant avec M. de Vaudreuil, c’est l’idolâtrée comtesse de Châlons traînant à sa suite son amant, le duc de Coigny ; un peu plus loin l’on admire la svelte comtesse de Simiane, aussi fraîche qu’une miniature de Halle ; la princesse de Beauveau, à l’esprit coquet, et la comtesse de Blot, au jargon sentimental.

Voici les bonnes amies de Mme de Montesson qui cherchent à disposer déjà ce noble public en sa faveur, pendant que le duc d’Orléans félicite ironiquement Mme de Barbantane sur sa toilette. Mme de Barbantane, qui a le nez d’un rouge éclatant, a choisi une robe cerise, comme pour faire encore ressortir ce malheureux nez.

Les paniers de la vieille comtesse de Montauban prennent tant de place que M. le duc de Chartres, M. de Lauraguais et le prince d’Hénin se récrient ; ces paniers leur cacheront la jolie Mme Potocka pendant la représentation, Mme de Montauban ne la quittant pas plus que son ombre. La littérature est représentée par Laharpe, Marmontel, Collé, d’Alembert, M. de Sauvigny, M. de Foncemagne, etc. Monsigny, Janovitz et Carmontel causent dans un coin du salon ; Carmontel regarde en-dessous, non par hypocrisie, mais parce qu’il médite plus à l’aise,