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LE FOUET.

moi je suis certain que c’est notre endormie du souper.

— Et vous avez raison, Lauraguais ; il n’y a rien là que de très-ordinaire : tout est expliqué, dit M. de Durfort, et vous allez voir Mme de Montesson la présenter à tout le monde comme sa parente après le spectacle.

— Comment, serait-ce avec le jeune marquis de Langey que j’aurais croisé l’épée ? s’écria le comte de Lauraguais. Tubleu ! il est solide du poignet !

— Erreur, mon cher comte, Mme de Montesson s’est elle-même enquise du fait. Le fameux domino est un voisin de terre de la belle demoiselle, un compatriote amoureux, un rustre de province, qui n’était venu à Paris que pour le bal de l’Opéra. Quel dommage qu’il n’ait pas voulu se démasquer ! Nous aurions vu là une figure d’Amilcar !

— Il a défendu fort vaillamment cette jolie fille.

— Il l’aimait… comme on peut aimer à Saint-Malo, patrie de Mlle de La Haye… Il fallait entendre Mme de Montesson nous conter l’autre jour cet amour exaspéré ! Il paraît que le malheureux en était fou !

— Et, reprit Lauraguais, il est reparti ?

— Dès le lendemain, ajouta M. de Durfort, il a craint de s’être fait une mauvaise affaire… Quelle sera sa fureur en apprenant le mariage de Mlle de La Haye !

— De qui donc parles-tu, Durfort ? interrompit étourdiment le duc de Chartres, qui vint se jeter à travers la conversation. Est-ce de la Fleury,