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LE CHEVALIER DE SAINT-GEORGES

au moins le faire retourner : Saint-Georges contemplaît toujours Agathe…

Le front du chevalier rayonnait ; il venait de découvrir que les yeux d’Agathe ne cherchaient pas la scène plus que les siens…

Pour que rien ne manquât en cette circonstance à la douleur qui venait l’atteindre, il remarqua que la jeune fille était placée près de la surperbe marquise de Langey et de M. de Boullogne… La joie du triomphe animait le front du vieillard ; on eût dit qu’il avait à cœur de se parer devant tous de ce fils auquel on venait enfin de rendre justice. Il parlait déjà de l’issue future du procès de Mlle de La Haye ; il racontait à qui voulait l’ouïr les charmantes qualités du jeune marquis, pendant que la sensuelle Mme de Langey roulait autour d’elle des œillades vives et quêteuses, et se donnait beaucoup de mal pour tourmenter les belles lignes de son buste.

— Tu n’écoutes pas, Saint-Georges, dit le duc de Chartres, tu n’écoutes pas Clermont, qui est adorable dans le rôle du dieu Pan !… Il me donne envie d’aller en Arcadie, parole d’honneur !

Le chevalier ne répondit pas, mais ses yeux étincelèrent… Il avait surpris dans l’attitude de Mlle de La Haye l’expression d’une invincible curiosité… Évidemment ce n’était point la scène que l’inquiétude de son regard poursuivait, c’était un personnage inconnu qu’elle semblait chercher dans tous ces spectateurs empressés…

Parmi ces seigneurs étalant autour d’elle l’éclat de leur insolence, Agathe n’avait que trop tôt reconnu