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LA TOILETTE.

— N’importe, chevalier, n’espérez pas qu’il vous pardonne, dit de Vannes la bouche pleine. Sa lettre doit être celle d’un danseur capable de tout.

Capable du moins d’estropier l’orthographe ; il écrit danse par un c. Voyez, Bruno, reprit Saint-Georges, voici un autographe de Vestris pour en faire des papillottes.

— Monsieur le chevalier n’y a pas pris garde assurément, dit Bruno, il y a une seconde page derrière la première.

— Il a le coup d’œil fin, ce Bruno, c’est parbleu vrai… Voyons… une invitation amoureuse de la Guimard ! Et sur le papier de Vestris, son amant ! quelle irrévérence !

— Vous avez raison, ajouta de Vannes après avoir parcouru la lettre, elle vous demande de porter aux courses de Vincennes une fleur d’oranger à votre boutonnière… Vous la lui remettrez ce soir dans les coulisses…

— D’abord je ne puis aller ce soir à l’Opéra, puis la fleur d’oranger n’a rien de commun avec les danseuses ! J’ai promis d’ailleurs cette rose-mousse à quelqu’un.

Il porta la main vers une tasse de vieux Sèvres reposant sur le petit guéridon, près de sa toilette. La rose-mousse couronnait la tasse que venait d’apporter le valet de chambre quelques secondes avant.

— Bien, dit le chevalier ; Jasmin, puisque tu es encore aujourd’hui à mon service, habille-moi, M. Bruno a fini.