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LE CHEVALIER DE SAINT-GEORGES.

Langey venait de reconnaître le mapou sur lequel le nom de Tio-Blas était écrit.

Dans toute autre circonstance, elle eût songé à secourir Poppo ; cette fois, poussée par un pressentiment qui lui faisait redouter un autre danger, elle s’approcha hardiment de l’arbre dont la masse gigantesque vit éclairer bientôt son feuiller sous la torche de bois-chandelle que le mulâtre avait prise avec lui, et qu’il alluma à l’aide de sa pierre à fusil et de quelques feuilles sèches.

Au-dessous du nom de Tio-Blas, Mme de Langey put lire un autre nom tout récemment entaillé sur l’écorce et dont la dernière lettre n’était pas encore formée ; c’était le sien : Caroline !

Des pas lourds retentissaient en ce moment vers cette partie isolée du parc : Saint-Georges, secouant sa torche sur les buissons et les frappant par intervalles de son fusil, semblait vouloir préserver Mme de Langey de la piqûre venimeuse de tout reptile, quand, par un geste habile qui se fit autour de lui, il se sentit arracher la torche d’entre ses mains.

Presque en même temps elle s’éteignit sous le pied d’un homme… Saint-Georges se retourna et vit, ainsi que Mme de Langey, l’homme s’avancer vers le mapou aux faibles clartés de la lune. Ce nouveau venu regarda quelques secondes autour de lui, puis il siffla la couleuvre, à laquelle il présenta quelques fruits secs et un vase de laitage.

La couleuvre au collier de pourpre parut bientôt ; elle s’approcha de l’homme d’un air soumis et comme