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LE CHEVALIER DE SAINT-GEORGES.

mains ; sir Crafton et ses officiers s’étaient vu désarmer, lorsqu’à l’aide de mes noirs je trouvai moyen de protéger le marquis et de le soustraire à leur rage. Mais ce n’était que pour mieux m’assurer de sa parole ; je le tirai à l’écart sous un bouquet de pins et de gayacs, puis je lui dis :

« — Marquis de Langey, il faut que tu me donnes ce portrait que tu tiens là !

« Sa pâleur devint effrayante. Il porta la main à son flanc gauche, mais il n’y trouva qu’une légère épée à la dragonne ; il la tira, je la lui arrachai, elle rompit comme une paille sur mon genou.

« — Le portrait !

! m’écriai-je en le lui saisissant avec furie. Et maintenant, marquis de Langey, jure-moi sur Dieu et sur le Saint Évangile que tu ne reverras jamais ta femme ; sinon, vois-tu, par san Domingo, tu es mort !

« — Misérable ! hurla-t-il en sautant sur moi avec un rugissement étouffé et en saisissant un de ces pistolets qui étaient alors comme aujourd’hui pendus à ma ceinture, tu vas mourir avant moi !

« En même temps il lâcha le chien… la balle alla couper la feuille dentelée d’un palmiste…

« — Marquis de Langey, à moi la femme et le portrait ! m’écriai-je, à Dieu ton âme ! Et je lui plongeai la lame de ma mancheta dans la gorge.

« Sir Crafton, sur un signe de moi, recevait alors le même traitement de mes noirs…

« Jusque-là je n’avais pas tué, mon Dieu !…

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Tio-Blas reprit après une pause glaciale de quel-