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LE CHEVALIER DE SAINT-GEORGES.

voyais, si je ne portais pas cet habit infâme, si je pouvais lui parler à elle ou à Maurice !

Mais Maurice et sa mère ne faisaient pas seulement attention à lui. Redoublant les précautions autour de son fils bien-aimé, la marquise ne le laissait plus se promener par les cours qu’avec le bataillon impénétrable de ses professeurs, il n’y avait pas d’occasion de rencontre entre lui et Saint-George qu’elle n’écartât.

Banni du salon et ne pouvant pas même prétendre à l’office, le mulâtre passait ses journées dans l’abattement et les larmes… Il chercha d’abord tous les moyens de rentrer en grâce chez Mme  de Langey, il écrivit, il fit parler par Finette, Finette dont le bon cœur étendait comme une douce percée d’azur sur chacun de ses orages. Finette lui rapporta que Mme  de Langey avait pris sa lettre avec des pincettes et l’avait jetée au feu, lui demandant avec colère comment elle osait lui faire toucher la lettre d’un mulâtre… Repoussé de ce côté, Saint-Georges se tourna vers M. Joseph Platon ; mais le gérant était un homme faible, soumis d’ailleurs aux volontés de M. de Lassis, qui venait d’arriver à la Rose, il n’y avait aucun espoir de ce côté ! Tout ce que Platon put faire aboutit à quelques conseils et à quelques gourdes que le digne gérant promit à Saint-Georges ; mais il fut moins prodigue de gourdes que de conseils.

Dès le premier jour de cette disgrâce, Noëmi avait bien songé à le retirer chez elle ; mais outre que ses vivres et sa paie devenaient plus restreints de jour en jour, son fils appartenait à l’habitation de M. de Boul-