Célestine. Ouvre, ma fille Élicie.
Élicie. Pourquoi viens-tu si tard ? Vieille comme tu es, tu ne devrais pas agir ainsi ; tu trébucheras, tu tomberas et te tueras.
Célestine. Je n’en crains rien, j’examine le jour le chemin que je dois suivre la nuit ; je ne prends jamais le haut de la rue, mais bien le milieu de la chaussée, car on dit : « Qui va le long des murs n’est pas en sûreté ; et qui va par la plaine n’a rien à redouter. » J’aime mieux salir mes souliers dans la boue que recevoir une pierre sur la tête. Mais tu n’as pas de chagrin ici ?
Élicie. Pourquoi en aurais-je ?
Célestine. Parce que la compagnie que je t’ai laissée est partie, et que tu es restée seule.
Élicie. Quatre heures se sont passées depuis ; je n’y pensais déjà plus.
Célestine. Plus tôt ils t’auront quittée, plus tu auras ressenti de peine. Mais laissons là leur départ et mon retard, occupons-nous de souper et de dormir.
ACTE DOUZIÈME