Page:Rojas - Lavigne - La Celestine.djvu/198

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Célestine. Ouvre, ma fille Élicie.

Élicie. Pourquoi viens-tu si tard ? Vieille comme tu es, tu ne devrais pas agir ainsi ; tu trébucheras, tu tomberas et te tueras.

Célestine. Je n’en crains rien, j’examine le jour le chemin que je dois suivre la nuit ; je ne prends jamais le haut de la rue, mais bien le milieu de la chaussée, car on dit : « Qui va le long des murs n’est pas en sûreté ; et qui va par la plaine n’a rien à redouter. » J’aime mieux salir mes souliers dans la boue que recevoir une pierre sur la tête. Mais tu n’as pas de chagrin ici ?

Élicie. Pourquoi en aurais-je ?

Célestine. Parce que la compagnie que je t’ai laissée est partie, et que tu es restée seule.

Élicie. Quatre heures se sont passées depuis ; je n’y pensais déjà plus.

Célestine. Plus tôt ils t’auront quittée, plus tu auras ressenti de peine. Mais laissons là leur départ et mon retard, occupons-nous de souper et de dormir.




ACTE DOUZIÈME


Argument : À minuit, Calixte, accompagné de Sempronio et de Parmeno armés, se rend à la maison de Mélibée. Lucrèce et Mélibée l’attendent près de la porte. Il arrive, Lucrèce lui parle la première, elle appelle Mélibée et s’éloigne. Mélibée et Calixte parlent à travers la porte entr’ouverte, Parmeno et Sempronio causent de leur côté ; ils entendent du monde dans la rue et se disposent à fuir. Calixte prend congé de Mélibée, après être convenu de son retour pour la nuit suivante. Au bruit qui se fait dans la rue, Plebère se réveille, appelle sa femme Alisa et demande à Mélibée d’où viennent les pas qu’on entend dans sa chambre. Mélibée répond à son père qu’elle avait soif. Calixte rentre chez lui en causant avec ses serviteurs et va