Page:Roland Manon - Lettres (1780-1793).djvu/434

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Mlle  de la Blz. [Belouze] a été étonnée que je n’allasse pas la visiter ; je lui ai dit que j’étais partie incognito, et, en conséquence, elle s’est dépêchée de me promettre qu’elle ne dirait pas que j’étais ici. Sûrement, la mère l’a déjà mandé. Quid ad me ? C’est ce qu’on faisait dire au roi de Prusse dans une parodie de la Passion que je me souviens d’avoir lue dans le temps où les Jésuites furent renvoyés. Cela ne revient-il pas bien à nos affaires ?

Ô mon bon ami ! Il y a bien longtemps que je n’ai vu toi, mon Eudora et mon clavecin ! Adieu, je t’embrasse affettuosissimamente e per tutto.

As-tu bien des relations avec M. Villard[1] ? Tu devrais bien me donner un peu de ses nouvelles. Le frère te dit mille choses.

P.-S. de la main de Lenthenas :
Celle-ci, mon ami, devait vous être expédiée par la voie de M. D. [d’Antic] ; le paquet était fait ; mais il est venu hier au soir prendre les ordres de la chère sœur pour Versailles, où il doit aller ce matin avec sa sœur. J’ai été chargé de vous la mettre à la poste. La chère sœur dort sans doute encore. Je viens de finir le mémoire donné en 1780 par M. Mesmer sur le magnétisme animal. Je lirai après des observations de M. Delon et la lettre encore de celui-ci au doyen de la Faculté trés saine de Paris. Je vois beaucoup un jeune médecin de Padoue, que

le nonce du Pape voulait envoyer chez Mesmer. Il lui a dit hier que le gouvernement s’occupait enfin sérieusement de lui ; que quatre médecins étaient enfin nommés pour examiner Delon et Mesmer, examiner leur doctrine, leurs moyens nouveaux : s’il n’y a que du charlatanisme, comme leurs ennemis (une partie au moins) l’ont avancé, Mesmer sera chassé de France. Dans cette circonstance, le nonce a ajouté, à ce médecin qu’il ne convenait ni à lui, ni à son protégé,

de risquer de se compromettre en se trouvant sous les leçons d’un charlatan, s’il arrivait qu’il le fût reconnu ; que certainement on ne tarderait pas main-

    Paris et qu’ils aient essayé de se pousser dans la « qualité ». Mais cette identification de la « petite comtesse » avec Mme  Durieux n’est qu’une conjecture fondée sur quelques inductions. — Voir les lettre des 21 mai 1781 et 14 mai 1784. Voir aussi Appendice E. — La petite comtesse venait de retourner passer quelque temps à Amiens, chez ses parents.

  1. Villard fils, sous-inspecteur des manufactures à Abbeville (Almanach royal de 1784, p. 273).