Page:Roland Manon - Lettres (1780-1793).djvu/477

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précisément s’en va dîner avec des amis de M. Bld. [Blondel] quelle doit mettre en campagne. Il est arrêté que, demain à neuf heures, je vais déjeuner avec elle, que je la quitte ensuite pour me rendre chez M. d’Agay[1], d’où je vais à l’audience de M. de Monta[ran][2] pour me faire conduire ensuite rue de Varennes[3], afin de combiner avec M. Cott[ereau], suivant ce que m’aura appris Mlle de la B. [Belouze] du moment des démarches des amis, quel jour je parlerai à M. Bld. Blondel], à qui je ne dois me présenter que lorsqu’il aura été bien prêché d’ailleurs.

Si nous ne réussissons pas, je m’en prévaudrai bien pour la retraite : ce sera un moyen d’intéresser et presque d’exiger, à ma façon ; ainsi nous n’aurons pas tout perdu. Mlle de la B[elouze] compté pour beaucoup de les mettre dans le cas de bien parler de toi au ministre, et c’est, je crois, fort bien vu. Partant, ce n’est pas le moment d’abandonner nos affaires. Pour les soins, l’ami, l’excellent ami Lant[henas] ferait sans doute aussi bien que moi ; mais pour l’effet, je crois, sans façon, que personne ne peut être mis à ma place, par la raison que personne n’a le droit de plaider la cause d’autrui comme la sienne propre.

Les espiègleries de ta fille m’ont fait beaucoup rire malgré ta défense ; mais vois si je dois tant regretter les jarretières rouges ; précisément l’ami d’Ant[ic] m’a fait présent dernièrement d’une paire de jarretières fort jolies. Tu me demanderas comme il se fait qu’un jeune cadet me donne des jarretières que tu puisses porter ; c’est là le secret que je te dirai de bouche. Je t’écris en attendant que mon pot soit fait ; je vais cet après-midi voir Figaro ou les Danaïdes. Je ne me porte pas mal, j’ai repris un peu de courage et je me suis remontée pour quelques jours. Fats à mon intention un poutou à ta fille, et songe que je t’en donne dix mille, aux voisins, au docteur par-dessus.

  1. Rue de Berry.
  2. Rue du Grand-Chantier. C’est aussi là que demeurait Tolozan. — C’était une rue de parlementaires. (Voir Arnault, Souvenirs d’un sexagénaire, t. II, p. 364.)
  3. Chez Blondel.