Page:Roland Manon - Lettres (1780-1793).djvu/496

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par un nombre de fortes protections qui voulussent la chose et la fissent vouloir au Conseil ; encore la fantaisie de Sa Majesté ferait-elle peut-être tomber à plat l’échafaudage. Cependant, comme il ne faut avoir rien à se reprocher, j ai été voir hier un secrétaire du Garde des sceaux, jeune homme doux, honnête, à qui j’ai depuis envoyé un exemplaire des Lettres et de tous les mémoires ; il doit mettre ceux-ci sous les yeux du Garde des sceaux. Ils viennent de partir (j’entends le ministre et ses gens) pour Versailles ; au retour, je tenterai de faire présenter au Garde des sceaux tous tes ouvrages ; s’il était possible de produire par eux une impression forte, de faire croire que la chose demandée est une justice, ce serait une victoire : car le Garde des sceaux et M. de Verg[ennes] ne font rien de ces sortes d affaires l’un sans l’autre. La persuasion du Garde des sceaux, les sollicitations de Mme  d’Arb[ouville] près de M. de Verg[ennes] pourraient peut-être conduire au but désiré. En vérité, c’est en tout ceux qui ont déjà beaucoup qui peuvent avoir davantage ; si nous étions fixés à Paris avec seulement quinze mille livres de rente, et que je me dévouasse aux affaires, j’ai presque dit à l’intrigue, je ne serais pa, s embarrassée de faire beaucoup de choses. C’en est une désolante que ce transport continuel des ministres à Versailles et à Paris alternativement ; on ne peut imaginer combien cela déroute les solliciteurs et allonge la courroie.

J’ai été voir hier Mlle  de la B[elouze]. Une singularité qui m’a paru frappante, c’est qu’elle, qui comptait pour tant le témoignage de ces Intendants, regarde maintenant la lettre obtenue comme rien ; c’est, dit-elle, une chose dont il ne vous reste rien entre les mains, où les Intendants ne sont seulement pas nommés, et dont on ne peut se prévaloir, etc… Comme si un témoignage ostensible que le ministre n’a pu rendre que d’après eux, dont les copies restent sur les registres dans les bureaux même de Bld. [Blondel], dont l’original est passé plus haut, qui n’a pu se faire que d’après le concours de tous, à la connaissance d’un grand nombre, et donné aux intéressés mêmes, était un fait équivoque, impossible à rappeler et incapable de ramener du moins plusieurs d’entre eux, si un seul voulait agir au contraire. Enfin cha-