Page:Roland Manon - Lettres (1780-1793).djvu/510

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nous causerons du pourquoi, qui, entre nous soit dit, est relatif à sa place. Je sais, d’une autre part, que Mme de La Touche devant aller à Chantilly, si je prends aussi cette route, il en résultera que la petite sœur reviendrait à Paris sans femme, avec son frère et deux autres hommes, ce qui serait mal vu de beaucoup, et obligerait même à des cachotteries avec les personnes de la maison où elle est. Je la verrai, je saurai ce qu’elle souhaite le plus, et, si j’y vois le cas d’un sacrifice à des amis dans le chagrin, j’arrêterai ma place à la diligence pour mardi et je reviendrai la prendre après avoir fait le voyage d’Ermenonville et ramené la petite sœur ; je déciderai cela demain.

Je vais voir au matin le petit Cott[ereau] que je veux faire jaser ; j’irai chez M. de Mt [Montaran], Rss. [Rousseau], à la chancellerie, chez Panck[oucke], à qui j’ai donné rendez-vous parce que je ne l’ai pas trouvé cet après-midi, non plus que Stoupe et Petit[1] où je retournerai ; adieux à Agathe le soir : j’en aurai assez. J ai de l’activité, de la vigueur, je suis maigre comme un coucou, mais impunément, car mon gros visage n’en dit rien ; au total, je me porte assez bien. J’ai pourtant grand besoin de repos, et je le prendrai avec délices.

Tes histoires de la comtesse sont plaisantes et au delà. Le frère est en correspondance à Reims d’où on lui écrit qu’il faut trois ans d’inscriptions : Il n’en a que de deux ans et demi ; il serre le bouton, espère qu’il aura réponse favorable, s’arrangera pour suivre le magnétisme entre le bachelier et le doctorat, et nous viendra voir à tel ou tel temps, je ne sais trop lequel ; mais je ne vois pas qu’il puisse nous accompagner en Angleterre. Je te conterai ses raisons et balancements, etc. Quelquefois je lui donne droit, quelquefois il me semble que j’irais plus directement ou plus vite à mon but, du moins je me crois de trempe à y viser più presto. Adieu, je vais écrire à M. de Noiseville ; puisque nous en sommes aux sacrifices, il ne faut pas avoir à se reprocher d’avoir regardé en arrière. Si je puis faire présenter au Garde des

  1. Petit, libraire, quai de Gesvres (Alm. de Paris de 1785, p. 128).