Page:Roland Manon - Lettres (1780-1793).djvu/641

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ma commodité et je… forme dont j’ai… point au bal, j’ignore… s’y trouvera, il est à une… qui me semble grivoise, le temps ne m’y invite pas, la toilette me gênerait, et je me trouverai bien de dormir toute ma nuit.

Tu sauras qu’hier, à six heures du matin, on a assassiné un habitant de Liergues[1], ou des environs, dans le chemin assez près de la ville. Il revenait de la foire et en rapportait de l’argent qu’on lui a volé.

Tu sauras que les témoins de cette donation contestée sont décrétés et ont pris le large. La pauvre dame Perrin est d’une tristesse profonde ; elle me serre le cœur[2]. Notre mère est toujours un peu fluxionnée et toujours aimable ; nous portons aussi vos santés.

Tiens-toi tranquille pour le sardi[3], j’en ferai l’emplette.

Cette histoire de cheminée me chiffonne ; il faudrait, pour racommoder en dedans, abattre du plâtre que le fumiste a mis sur le côté, assez haut pour rétrécir le tuyau en forme de cheminée à la prussienne.

À propos de Prusse, te voilà fort savant aujourd’hui sur la manière d’être d’un prince russe[4] ; Je ne sais, mais je crois que tous ces gens, titrés pr naissance, ont nécessairement quelque teinte de sottise et d’ignorance.

Tu emploies donc aussi du papier musqué ? Qui s’en serait douté ? Je jette au feu ton enveloppe que j’aurais dû sentir de la porte d’Anse[5].

Ménage-toi bien ; je t’embrasse tenerissimamente.

  1. Liergues, village à une lieue de Villefranche, sur la route du Clos.
  2. Probablement une parente d’un des inculpés. — Cf. lettre du 9 avril 1786. Nous trouvons une Mme Perrin parmi les « dames adjointes » de la Maison philanthropique fondée à Villefranche le 1er 1788, et un M. Perrin aîné parmi les notables de la municipalité de 1791.
  3. Sardis, drap commun fabriqué alors dans la région.
  4. Nous ne savons de quel prince russe il peut être ici question. Peut-être Paul de Russie, qui avait traversé Lyon en 1782 ?
  5. La « porte d’Anse » était la porte méridionale de l’enceinte de Villefranche, conduisant à Lyon par Anse. — Madame Roland habitait au centre de la ville, à 200 mètres de là.