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[À ROLAND, AU CLOS[1].]
Samedi 30 novembre 1790, — [de Villefranche].

Je ne pars pas aujourd’hui, mais très sûrement je m’en irai demain, et il n’est pas nécessaire que tu viennes. Je retarde encore par prudence, plus que par besoin du moment ; j’envoie la bonne toute mal en train et criant les fesses ; mais c’est un paquet d’expédié, nous n’avons pas le temps d’y regarder de si près.

Je n’ai que de la faiblesse, et de tout ceci il n’y a autre chose à conclure sinon que le cheval, qui m’est fort agréable et salutaire dans un temps choisi, doit m’être interdit dans les huit ou dix jours qui précèdent l’époque des règles, parce que alors il hâte leur retour et les rend trop abondantes, ce qui m’excède et m’épuise. Il s’est joint à cela cette fois-ci un débordement d’humeurs par haut et par bas, qui m’a atterrée pour un moment. Je compte être libre demain, et voilà pourquoi je remets à partir.

Je n’ai reçu qu’un courrier de Lyon ; j’envoie chercher celui de Paris ; j’expédierai tes lettres.

La manne était achetée, les gens l’ont oubliée.

Le docteur trouvera ci-joint quelques effets qui lui appartiennent.

Motus du frère[2] ; peut-être m’attend-il ; Dieu le bénisse et nous aussi.

Je t’embrasse et aussi le docteur.

Ci-joint des lettres qui te feront plaisir ; j’ai une rescription sur la poste à Villefranche.

  1. Ms. 6239, fol. 224.
  2. Le chanoine Dominique. — On voit que les relations étaient alors tendues à ce point, que Madame Roland, arrivant à Villefranche, s’établissait au second étage de la maison familiale, au-dessus du chanoine qui occupait le premier, sans qu’on communiquât. Mais on se rapprocha en 1791.