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à Londres. Je ne fréquente point le Cercle social. L’abbé Fauchet est parti. Je ne sais quelle est la chaleur que cette Société peut mettre au développement de ses projets au dehors. Je suis celui des Sociétés populaires ici. Il se forme une Société centrale, à laquelle j’ai été adjoint. J’y ai fait part de mes idées, et j’espère qu’elles y concourront au bien. Robespierre m’a perdu un manuscrit que je lui avais confié sur l’établissement de ces Sociétés, et un autre sur la liberté de la presse[1]. C’était le travail de plusieurs mois. J’ai eu le courage, depuis quelques jours, de le recommencer[2]. Nous espérons de vous voir arriver au premier moment et que vous viendrez nous aider ; — il est temps d’ailleurs que vous vous rapprochiez pour les élections.

Je vous recommande l’objet des secours pour la Société des Noirs dont notre dernière vous entretenait. Vous voudrez bien aussi vous rappeler de ce dont je vous avais prié près du libraire Philips. Si M. Baumgartner m’a fait quelques commissions que je lui avais données, vous me ferez plaisir de vous en charger.

Garran a été nommé président du tribunal de cassation. — Il a été dans les embarras d’un déménagement, et maintenant il a une belle-sœur qu’il est sur le point de perdre.

Bosc et Creuzet[3] se portent bien ; le premier joindra sans doute, à la présente, quelque chose.

Bonne santé et prompt retour. Salut.

  1. Voir Patriote français du 17 mai : « Manuscrit perdu. M. Robespierre a laissé, dans un fiacre qu’il a pris à 9 heures et demie du soir, jeudi 12, sur le quai des Augustins, un manuscrit sur la Liberté indéfinie de la presse et sur les Sociétés populaires. Il prie les bons citoyens qui pourraient en avoir entendu parler de le lui faire retrouver. Il donnera une récompense à ceux qui se seront donné quelque peine pour cela.

    « On s’adressera à lui, rue Saintonge, au Marais, n° 8, ou bien chez M.F. Lanthenas, rue Guénégaud, hôtel Britannique, faubourg Saint-Germain. La dernière partie de ce manuscrit a été lue au Cercle social par M.C. Fauchet. On espère que les patriotes s’intéresseront à ce qu’il ne soit point perdu. »

    C’est sans doute en sortant d’une des réunions qui se tenaient chez Madame Roland (la rue Guénégaud débouchant tout près du quai des Grands-Augustins) que Robespierre avait perdu le manuscrit de Lanthenas. La veille (11 mai), il avait précisément lu aux Jacobins un long discours pour soutenir que « la liberté de la presse doit être entière et indéfinie, ou elle n’existe pas ». (Aulard, Jacobins, II, 396-411).

  2. Lanthenas eut, en effet, le courage de recommencer, et son opuscule fur imprimé moins d’un mois après, sous ce titre : « De la liberté indéfinie de la presse et de l’importance de ne soumettre la communication des pensées qu’à l’opinion publique, adressé et recommandé à toutes les Sociétés patriotiques, populaires et fraternelles de l’Empire français, par F. Lanthenas, docteur-médecin, citoyen français. — Paris, chez Visse, libraire, rue de la Harpe, et Desenne, libraire, au Palais-Royal, 17 juin 1791 ; in-8o de 38 pages, de l’imprimerie du Patriote français, place Théâtre Italien. — Cf. Patriote des 10 juin, 24 juillet, 12 août 1791.

    Il refit également son travail sur les Sociétés populaires. — Voir note de la lettre 422.

  3. Creuzé-Latouche.