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se fasse rendre compte des motifs et du mode de mon arrestation ; je demande qu’elle statue sur elle, et, si elle la confirme, j’invoque la loi qui ordonne l’énoncé du délit de même que l’interrogatoire dans les premières vingt-quatre heures de la détention[1]. Je demande enfin le rapport sur les comptes[2] de l’homme irréprochable qui offre l’exemple d’une persécution inouïe, et qu’on semble destiner à donner la leçon, terrible pour les nations, de la vertu proscrite par l’aveugle prévention.

Si mon crime est d’avoir partagé la sévérité de ses principes, l’énergie de son courage et son ardent amour pour la liberté, je me confesse coupable, j’attends mon châtiment. Prononcez, législateurs. La France, la liberté, le sort de la République et le vôtre tiennent nécessairement aujourd’hui à la répartition de cette justice dont vous êtes les dispensateurs.


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AU MINISTRE DE L’INTÉRIEUR[3].
2 juin 1793, — [de l’Abbaye].

Le ministère dont vous êtes chargé, citoyen, vous donne la surveillance pour l’exécution des lois et la dénonciation de leur violation par les autorités qui les méconnaissent. Je crois que votre justice s’honorera de faire passer à la Convention les réclamations que j’ai besoin de faire entendre contre l’oppression dont je suis la victime.

  1. Décret du 16-29 novembre 1791.
  2. Roland, ministre démissionnaire, ne pouvait sortir de Paris sans que ses comptes eussent été approuvés par la Convention ; il avait écrit « sept fois en quatre mois » pour en demander l’examen ; il venait d’écrire une huitième fois (P.V.C., 1er juin 1793). — Voir sur cette question le Mémoires, I, 6, 300, etc.
  3. Bosc, I, 20 ; Faugère, I, 32. — Ms. des Mémoires, Bibl. nat., 13736, fol. 21. — C’était Garat qui était ministre de l’Intérieure, et Madame Roland lui demande de transmettre la lettre précédente.