Page:Roland Manon - Lettres (1780-1793).djvu/1407

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Académie royale des Sciences, Belles-lettres et Arts, avait créé une « École de mathématiques », et Roland en suivait les cours. Parmi les élèves couronnés dans la séance publique du 1er août 1759, nous remarquons : « Calcul différentiel, section Coniques, M. Roland de La Platière[1] ». Plus de vingt ans après, un Rouennais écrivait :

« M. Roland passa parmi nous les plus belles années de sa vie. Il s’occupa de sa partie avec un zèle une et une intelligence qui le firent généralement considérer ; il s’appliqua aux sciences, et de très bonne heure il remporta nos prix d’École dans la classe des mathématiques ; il cultiva le dessin avec la même ardeur ; il étudia l’histoire naturelle, un peu de chimie ; il suivit des cours de botanique et d’anatomie ; il se lia avec les professeurs, ses maîtres ; et, jeune encore, il fut l’ami et continua de l’être de nous tous[2]… »

En octobre 1761, nouvelles promesses de Trudaine. En février 1762, l’Intendant et Le Couteulx projettent de faire nommer Godinot à Paris et de le faire remplacer à Rouen par Roland : M. de Brou, partant pour Paris, disait à l’élève-inspecteur : « Je ne reviens pas que nous n’ayons réussi à quelque chose… » ; mais il meurt, et une nouvelle suppression d’emplois vient tout retarder.

Roland ne se décourage pas : le 8 novembre 1762, il adresse à son administration un long mémoire intitulé : « État général des fabriques et du commerce des toiles et toileries de la généralité de Rouen et des matières qui s’y emploient », et Trudaine lui fait compliment (Dict. des manuf., II, 248). En même temps, il perfectionne son instruction scientifique :

« Je continuai l’étude des mathématiques et du dessin ; j’en écrivis à M. Le Couteulx, qui me répéta qu’il s’était entretenu de moi avec M. Trudaine, que je n’avais besoin d’aucun patron, auprès de lui, qu’il m’estimait et désirait bien véritablement de pouvoir m’obliger ; qu’il voulait conférer avec moi de mon nouveau projet ; que je vinsse à Paris et que, soit pour l’inspection, soit pour les Ponts et Chaussées, si je n’obtenais pas sur-le-champ quelque place, j’aurais du moins l’assurance pour l’avenir. » (Mém. des services)

Roland alla à Paris, reçut la promesse de la première place vacante (!), puis, à son retour « fut chargé de la part du Conseil, à défaut de l’inspecteur en chef, quoiqu’il y eût un second inspecteur et deux sous-inspecteurs, de faire la tournée du département et d’en rendre compte ». Trudaine lui écrivit à ce sujet (30 mai 1763) : « J’espère que vous vous acquitterez bien de cette mission, et je n’oublierai pas, de ma part, la bonne volonté constante que vous me marquez en toute occasion. » Puis, la tournée faite : « J’approuve fort la conduite que vous avez tenue et j’en suis très satisfait. »

Enfin le 4 janvier 1764, arriva une lettre de Trudaine annonçant à Roland sa nomination de sous-inspecteurs à Clermont-de-Lodève. C’était loin de Rouen, loin aussi des espé-

  1. Précis analytiques des travaux de l’Académie de Rouen, par M. Gosseaume, t. II, p. 49.
  2. Lettres imprimées à Rouen en octobre 1781, 1er lettre, Bibl. de Lyon, fonds Coste, 353442. Cette lettre est du chimiste Baillière de Laisement dont nous allons parler.