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on l’avait rendu à la suite d’une émeute ensanglantée et pour en éviter de semblables. Maintenant, on saisit le moment d’une misère affreuse, d’une rumeur non moins dangereuse, et l’on force la plus grande partie des fabricants à mettre bas un plus grand nombre de métiers encore.

Quand la loi du 16 octobre 1791, rendue pour application du décret du 27 septembre précédent, eut supprimé toute l’ancienne administration du commerce, Tolozan fut chargé par le ministre Delessart de la liquidation des affaires de cette administration, et dura ainsi près d’une année encore[1]. Cependant les événements allaient vite : le 23 mars 1792, Roland devenait ministre de l’Intérieur et avait ainsi sous ses ordres l’ancien chef qui l’avait tour à tour rabroué et protégé. Il le laissa en fonctions. Mais lorsque Roland fut redevenu ministre au 10 août, Tolozan offrit, le 17, sa démission, motivée par son âge (il avait 70 ans) et sa santé. Roland l’accepta le lendemain, et confia la suite de la liquidation au fidèle commis de Tolozan, Valioud-Dormenville, dont il n’avait jamais eu qu’à se louer. (Voir la correspondance de 1784.)

M. Eugène Lelong nous apprend que, « à la fin de juin 1793, Tolozan s’était retiré, par ordre du Comité de Sûreté générale, au Plessis-Picquet », et que « il y fut arrêté le 3 frimaire an ii (23 novembre 1793) et incarcéré dans la maison de Port-Libre, rue de la Bourbe ». D’autre part, une pièce du catalogue d’autographes de M. Noël Charavay (décembre 1900) « ordre de traduire à la Force le sieur Tolozan », émanant du Comité de Sûreté générale (signé de David, Lebas, etc…), est datée du 22 germinal an ii (11 avril 1794). Tolozan était-il réincarcéré après avoir été élargi ? ou bien s’agit-il d’un simple transfèrement ? ou enfin ce dernier ordre concerne-t-il un de ses frères, Tolozan d’Amaranthe ou Tolozan de Montfort ?

L’orage passé, Tolozan se retira à Lyon, sa ville natale, et y renoua des relations avec les survivants de l’ancienne bourgeoisie lyonnaise. Delandine, qui l’a connu, dit « qu’il jouit jusqu’à son dernier instant de toute la gaieté de son caractère et de toute la vigueur de son esprit ». C’est de Lyon que Tolozan s’adressa au ministre de l’Intérieur, le 23 thermidor an ix (11 août 1801), pour que sa pension de maître des requêtes lui fût payée sur le pied de 3,000 francs, et le Premier Consul renvoya la réclamation à son collègue Lebrun « pour me faire connaître ce que c’est que cet individu » (Eug. Lelong, Instructions). Il ne s’était pourtant écoulé que quatorze ans depuis cette année 1787 où Tolozan était un des maîtres de l’administration française !

L’ancien Intendant mourut à Lyon le 25 septembre 1802[2]. « Il ne laissait qu’une fortune médiocre » (Dict. de Chaudon et Delandine).

Il avait publié divers écrits relatifs au commerce. Quérard (France littéraire) en signale deux, de 1786 et de 1789. Le Dictionnaire de Delandine en mentionne un autre : Observations sur la réforme de l’ordonnance de 1673 relative aux affaires de commerce, in-4o.

  1. Le 29 janvier 1792, le Patriote français reprochait à Cahier de Gerville, ministre de l’Intérieur, « d’avoir invité M. de Tolozan à surseoir provisoirement à dater les lettres de son département de l’an iv de la Liberté ».
  2. Dict. de Chaudon et Delandine. — La Biographie de Leipzig, qui reproduit ce dictionnaire, dit 15 septembre. – Catal. des Lyonnais etc… — Dumas, Hist. de l’Acad. de Lyon, t. I, p. 287.