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Appendice R.



BUZOT.

§ 1er

Nous n’avons ni à raconter la vie de Buzot, ni à retracer son rôle à la Constituante et à la Convention. Nous devons simplement chercher ce qu’il fut pour Madame Roland, à partir de quel moment, et aussi dans quelle mesure cet amour a dirigé l’intransigeant Girondin.

François-Nicolas-Léonard Buzot, né à Évreux, le 1er mars 1760[1], fils d’un procureur au bailliage, fut d’abord avocat dans sa ville natale. Marié, le 28 avril 1784, à sa cousine, Marie-Anne-Victoire Baudry[2] qui lui apporta une modeste aisance, probablement égale à la sienne, il ne songeait guère à un rôle politique lorsqu’il fut élu, le 27 mars 1789 député du Tiers du bailliage d’Évreux aux États généraux ; il commença par refuser « pour raison de santé » et n’accepta « qu’après beaucoup d’instances » (Vatel, II, 283).

Il emmena sa femme à Paris ; ils s’installèrent à l’hôtel Bouillon, quai Malaquais, 19[3].

Ses premières relations, à l’Assemblée, paraissent avoir été avec Pétion[4], qui, avocat à Chartres, avait sans doute déjà avec lui des rapports de voisinage et d’affaire. Pétion dut l’aboucher de bonne heure avec Brissot.

Timide et ardent, modeste et résolu, il se placa, dès la première heure, a l’extrême gauche de l’Assemblée. Aussi, malgré son remarquable talent oratoire, ne fut-il porté au bureau, comme secrétaire, que le 16 août 1790, après plus d’une année.


§ 2.

Les Roland arrivèrent à Paris et s’établirent à l’hôtel Britannique, rue Guénégaud, le 20 février 1791. Brissot leur amena ses amis, et le salon de Madame Roland devint bientôt le lien où l’on se réunit, quatre fois la semaine, après la séance de l’Assemblée et avant celle des Jacobins. Buzot dut y être introduit par Pétion. Toutefois ce n’est qu’au bout de deux mois, le 28 avril, que son nom se rencontre dans la Correspondance.

Ce nom apparaît ensuite bien des fois (lettres 432, 433, 435, 437, 439, 442, 457), surtout après la fuite de Varennes. Devant le péril commun, en présence d’une royauté qui s’effondrait et d’une Assemblée qui semblait reculer devant les conséquences de son œuvre,

  1. Ou du moins baptisé ce jour-là (Vatel, II, 160).
  2. Dauban, Mémoires de Buzot, 1866, Introduction, p. vii.
  3. C’est dans ce même hôtel qu’habita Mme Sand, en 1834, à son retour de Venise.
  4. Dans la célèbre séance du 23 juin 1789, après la déclaration du Roi.