Page:Roland Manon - Lettres (1780-1793).djvu/174

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

M. de Bray a envoyé hier au soir pour s’informer comment j’avais passé la journée et si tu étais parti ; je n’ai vu personne autre. J’imagine que Mme  d’Eu, sortant aujourd’hui pour aller s’ennuyer chez les grands-parents, viendra auparavant s’ennuyer et m’ennuyer quelques instants ; grand bien lui fasse, et plût au ciel que cela ne fût pas long ! Le fidèle Achate aura été bien surpris ; et ces bonnes gens, Mme  Bussière[1], dis-leur bien des choses pour moi ; mille amitiés au compagnon.

On est venu chercher l’argent du billet hier matin ; ainsi, voilà encore une affaire terminée. Je suis bien en peine de celle où M. Houard[2] met son nez : donne-m’en des nouvelles. Mais, avant tout, de celles de ta personne. À mon Agathe[3], à Mlle  Desportes, si tu les vois, compliments, amitiés. .

Adieu, bon ami, je t’embrasse, toto corde.

P.-S. (sur l’adresse) : Due lettere vengono ; io le faccio recare subito alla posta.


27

[À ROLAND, À PARIS[4].]
Mercredi, 26 décembre 1781, après-midi. — [d’Amiens.]

J’aime à commencer mon babillage la veille ; les petits tracas du matin me laissent trop peu de temps avant l’heure du courrier. C’est ma consolation que de t’écrire : c’est mon travail, mon amusement, ce m’est tout enfin ; je ne fais rien d’ailleurs, ou bien peu de chose. Je ne donne pas même souvent à manger à ma fille, quoique je la fasse

  1. Probablement l’hôtesse de l’Hôtel de Lyon.
  2. Le censeur des Lettres d’Italie. Voir lettre 14. Malgré la permission accordée par M. de Néville, le directeur de la librairie, en novembre 1781, de nouvelles difficultés avaient surgi. Roland, arrivant ce même jour à Paris, écrivait à sa femme : « Demain matin, je débute par mon bourru de censeur » (lettre du 23 décembre 1781, ms. 6240, fol. 147-148).
  3. Voir sur Agathe, ou plus exactement sœur Sainte-Agathe, l’Appendice U.
  4. M. 6238, fol. 165-166.