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de six peut mille livres, toujours sonnantes dans les paroles. Le reste se mène comme de coutume, Mme de B[ray] toujours rechignant, M. de Vin disant d’elle comme de sa souscription, et en faisant de même. Mme d’Eu est harassée de repas, etc…, ennuyée de tout, à commencer de sa personne, comme aussi elle a coutume. Elle est venue hier en longue visite matinale, sempre collo cicisbeo. J’ai fait part à M. d’E[u] de l’expédition de l’ouvrage Sonnerat[1] et du reste ; il me charge toujours et tous les jours d’amitiés sans nombre à ton intention et aussi pour les amis, avec prédilection pour M. d’Antic dont il me parle souvent. Eh ! comment feras-tu donc pour reconnaître les honnêtetés, ordonnances, etc., du docteur[2] ? Je t’embrasse. Toto corde.


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[À ROLAND, À PARIS[3].]
Jeudi, 30 [janvier 1783, — d’Amiens].

Aux tentations répétées il est difficile de tenir ; M. d’Eu m’a poussée hier, et je vais ce soir avec sa femme voir Mahomet joué par l’acteur de Paris[4], qui nous quitte incessamment. J’ai réfléchi qu’il n’était pas trop édifiant pour mon monde de voir ma première sortie, depuis trois semaines et plus, pour aller à la comédie ; mais ce n’est pas en dévote que j’ai coutume de les édifier, et, quant à ceux à qui je dois visite, je ne suis pas censée sortie, je vais incognito.

Je ne sais encore ce qu’a fait l’évêque, mais je sais qu’il veut venir à la maison ; c’est ainsi qu’il s’en est exprimé hier, chez M. d’Eu où il

  1. On voit par les lettres de Roland (lettre du 22 novembre 1781, ms 6240, fol. 113) qu’il était en relations avec le voyageur Pierre Sonnerat (1745-1814), neveu du célèbre voyageur Poivre, né à Lyon comme lui, et par conséquent compatriote de Roland. Le Voyage aux Indes orientales et à la Chine, de Sonnerat, avait paru en 1782, 3 vol. in-8o. Roland le cite dans son Dictionnaire des manufactures, I, 128°, pour le contredire d’ailleurs. Cf. Correspondancd littéraire, février 1783.
  2. De Bosc d’Antic, le père, qui était médecin du Roi par quartier.
  3. Ms, 6238, fol. 237-238.
  4. Grammont.