Eh bien, que devenez-vous, notre bon ami ? Santé, affaires, relations, étude, tout cela est-il comme vous le voulez, comme je vous le souhaite, et comme nous contribuerions à le faire être pour te chapitre de l’amitié, si nos cœurs vous étaient connus ? Mais pourquoi mettrais-je encore ceci en supposition ? N’en parlons plus et agissons avec confiance.
Je reçois de Lyon la quittance ci-jointe pour la faire passer à Paris ; je ne veux choisir personne autre que vous, parce qu’il n’en est pas à qui nous aimions mieux devoir quelques services. Je vous prie d’en toucher le montant et de chercher en échange un bon papier de pareille valeur sur Lyon ou sur Villefranche ; je présume que vous trouverez plus aisément pour la première de ces villes, et, ce qui serait peut-être encore mieux que de chercher chez des marchands, c’est de prendre aux fermes ou aux postes une rescription pour un des receveurs de Lyon.
Eudora va très bien ; force et gaîté sont revenues aussi brillantes que jamais, et la petite intelligence fait quelques progrès. Je suis mieux aussi ; j’attends très incessamment mon bon ami. Nous n’avons point ici de nouvelles que l’effervescence des esprits à Lyon pour l’élection d’un nouveau prévôt des marchands, et les cabales, diatribes assez ordinaires en pareil cas. Le froid est horrible ; nos chemins de montagne sont impraticables et les autres ne valent guère.
L’ami tient maintenant à l’Académie de Lyon ; celle d’ici, comme vous pouvez le penser, l’a mis au nombre de ses titulaires[2]. Le cabinet n’est point encore rangé ; c’est une misère que de faire quoi que ce soit en saison si rigoureuse. Il y a quelque temps déjà que je reçus nouvelle de l’ami Lanthenas ; il est de retour près de son père et se trouve, par quelques occupations, un peu en