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[À BOSC, À PARIS[1].]
27 avril 1786, — [de Villefranche].

De Roland :

Je conclus de votre lettre du 24[2], que, ne nous aimant plus guère, puisque vous pleurez encore sur nos appréhensions et nos misères, vous nous aimiez beaucoup avant : je m’arrête à cette dernière idée et conclusion ; et j’y tiens pour toujours irrévocablement.

Vous m’avez écrit d’ailleurs de fort bonnes choses, dont je ferai mon profit, soit pour les aciers, dont nous reparlerons, soit pour les teintures : et je verrai avec empressement et un singulier intérêt le bon et brave M. Audran.

Je n’ai pu jusqu’à ce moment fixer le jour de mon départ à cause de quelques circonstances qui me croisaient à cet égard : mais tout vient d’être aplani, et je pars décidément mardi prochain, 2 de mai, pour arriver à Essonnes le samedi suivant, 6. De là, j’irai à l’Épine[3], à longpont : je ne serai guère

  1. Collection Alfred Morrison, 1 fol.
  2. Bosc écrivait (ms. 6241, fol. 271-274) :
    Paris, 24 avril [1786].

    Grace à Dieu, Eudora vit encore ! Pauvre enfant, pauvre mère ! Je me forme une idée de son état, elle n’est pas sensuelle.

    Je vous avoue que, quoique je ne vous aime plus guère, ma promenade d’hier* a été troublée par la crainte de recevoir une triste nouvelle. Aujourd’hui je suis venu au bureau en y pensant, la larme à l’œil, et j’ai ouvert votre lettre en frémissant ! Enfin, elle est hors affaire…

    Suivent des renseignement pour les travaux de Roland, teinture, aciers, etc…

    *. Du dimanche 23 avril 1786. Tous les dimanches, Bosc allait avec des amis courir les bois aux environs de Paris, herboriser et philosopher. « …Les principes que nous discutions jadis dans nos promenades philosophiques des dimanches… (lettre de Bosc a Bancal des Issarts, du 7 mars 1798, collection Beljame).

  3. « L’établissement [de la machine de Flesselles et de Martin], qui d’abord avait dû se faire à Poix, a été formé dans une autre terre du maréchal de Noailles, à l’Épine, près d’Arpajon » (Dict. des manuf., t. II, p. 137).

    « Il [Delamorlière] mit des fonds dans l’entreprise formée à l’Épine, pris d’Arpajon, par Jacques-François Martin, son frère utérin, qui le premier importa en France les machines perfectionnées d’Arkwright » (Biogr. de la Somme).

    « Ces machines [celles de Martin], les plus parfaites de celles qui avaient été présentées jusqu’alors au gouvernement, furent établies à l’Épine, près d’Arpajon ; elles donnérent naissance à la première filature