Page:Roland Manon - Lettres (1780-1793).djvu/811

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que tu m’en dises ton avis et m’indiques ce que tu juges convenable. S’il n’y avait aucun inconvénient à ce que mon écriture parût, je pourrais me charger des copies ; mais c’est à quoi il faut réfléchir. D’ailleurs, faudrait-il retoucher le mémoire ou le laisser tel qu’il est ? C’est encore une question. Examine, juge et guide-moi.

Je t’envoie, à cause de l’occasion, la lettre de Lanthenas et celle de La C [Delaconté][1]. Ce dernier est une bien singulière tête ! Quelle

  1. Nous avons déjà dit (lettres 272 et 275) que les Roland, après le renvoi de Calonne, essayèrent de faire agir, d’abord auprès de Loménie de Brienne, pour que, dans les remaniements de l’administration de commerce, annoncés de divers côtés, on fit à l’inspecteur de Lyon, à demi disgracié depuis la chute et la mort de Trudaine, une place en rapport avec les services qu’il croyait pouvoir rendre. Lanthenas et Bosc étaient chargés, en raison de leurs relations à Paris, de trouver des aboutissants.

    « L’intriguant » auquel on s’adressa d’abord, en avril 1787 (voir lettre 272), nous paraît avoir été ce Delaconté dont il est question ici. Mais l’inconvénient de recourir à lui, c’est qu’il opérait pour son compte. C’était un ancien inspecteur des manufactures de la généralité de Paris, qui, disgracié par les Intendants du commerce de Montaran et Tolozan, demandait à rentrer dans le service et proposait des plans de réforme plus ou moins analogues à ceux que Roland voulait présenter. Il est probablement le même que ce Delaconté qui, en 1792, commissaire civil de la Section des Quatre-Nations (Alm. nat. de 1793, p. 550), fut, au dire de M. Wallon (La Terreur, t. I, p. 42), un des organisateurs des massacres de septembre, et qui, quelques jours après, proposait au Ministre de la guerre un canon portatif (Tuetey, t. IV, 1741).

    Mais les Roland, en novembre 1787, avaient un autre intermédiaire. C’était un baron de Servières, ancien officier, correspondant de plusieurs sociétés savantes, auteur de quelques travaux de physique et d’agriculture (voir son article dans Quérard, France littéraire), que Roland avait un peu connu autrefois (voir ms. 6240, fol. 113, une lettre de Roland à sa femme, du 22 novembre 1781) et qui, en 1787, semble avoir eu du crédit auprès du cardinal-archevêque. — Lanthenas et Bosc se trouvaient, nous ne savons comment, en relations avec lui. Lanthenas lui adressa, le 17 décembre 1787, un « Mémoire sur le projet d’une École d’inspecteurs de l’agriculture, des arts utiles et du commerce », en le priant de le communiquer à l’archevêque, mais sans le lui laisser, « puisque tout est perdu dans les bureaux ». Il ajoutait : « Vous travaillerez pour une bonne cause en servant celle des arts utiles. Peut-on dire qu’on les protège quand on voit l’homme qui a le plus fait pour nous les faire connaître, oublié dans le fond d’une province et subordonné à des ignorants ? Vous comprendrez bien de qui je parle » (ms. 9534, fol. 197-198). Le Mémoire que transmettait Lanthenas (ibid., p. 200-203) est trop bien fait pour être de