On dit que la haute finance est liguée contre M. Necker ; que fait ce ministre ? en est-il encore à s’affermir en place ?]
Nous sommes dans les vendanges par-dessus la tête, non pour la quantité ; nous avons, cette année, diminué d’un tiers sur l’autre ; mais c’est la saison de la récolte, et partant celle du travail champêtre et des sollicitudes domestiques.
Donnez-nous de vos nouvelles et de celles qui courent ; mille amitiés au bon Lanthenas ; veuillez faire parvenir la ci-jointe.
Nous vous aimons toujours et je vous embrasse de tout mon cœur.
Quand j’aurai du loisir, je vous décrirai la fête du 4 octobre et nos Lucas et nos Colettes dansant gaîment leurs rigodons et buvant notre vin de fort bon cœur[1].
Adieu encore.
Les gravures sont arrivées, notre ami, la veille du jour que nous est parvenue votre lettre d’avis ; elles sont en aussi bon état qu’elles sont belles, et le plaisir que j’ai eu à les considérer m’a fait sentir que je n’étais pas encore morte au goût des beaux-arts.
Comme la diligence d’eau ne passe qu’à demi-lieue de la ville où est la Saône[3], nous ne voyons pas les voyageurs qui prennent cette voiture ; M. de Bournon[4] avait remis et recommandé à l’auberge des diligences le rouleau, qui nous a été soigneusement apporté.
Mais si cet aimable homme eût pris la route de Villefranche et que je me fusse bien portée, il ne nous aurait pas encore rencontrés. J’étais
- ↑ Fête données aux vignerons et aux voisins du Clos pour célébrer l’anniversaire de la naissance d’Eudora, en même temps que (selon l’usage du pays) la clôture des vendanges. Il y a, aux Papier Roland, ms. 9533, fol. 23, une petite pièce de vers de Madame Roland pour cet anniversaire.
- ↑ Ms. 6239, fol. 283-284.
- ↑ Sic
- ↑ Jacques-Louis, comte de Bournon (1751-1825), naturaliste et minéralogiste. On lui doit des recherches intéressantes sur les Alpes dauphinoises et les montagnes du Forez.