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Dans le détail des moyens à prendre pour assurer les subsistances, il serait avantageux de permettre l’entrée des comestibles à Paris en exemption de droits et de dispenser les bouchers des marchés de Sceaux et de Poissy en leur donnant la liberté d’amener directement le bétail.

Il serait instant, après la confédération régulière avec les provinces, de déterminer que chacune d’elles rappelât dans son sein ses enfants, officiers et soldats, sous peine d’infamie et d’exhérédence, de façon que chacune eût la faculté de se former un corps de troupes pour sa propre défense et pour en diriger la marche en faveur du bien commun.

Il faudrait, après ces bases solidement établies, tracer un plan pour se rendre à Versailles, de Paris d’une part, et avec un secours des provinces d’autre part, pour y enlever les députés et les transférer à Paris sous la garde de la nation, à la constitution de laquelle ils doivent travailler sans relâche. Je dis les enlever : car il est de leur sagesse de rester, comme jadis les sénateurs romains, à la place qui leur fut assignée et où ils sont réunis ; mais il est du devoir de la nation de veiller à leur sureté, de les couvrir de son égide, de les environner de sa protection.

Cette grande expédition demande une extrême prudence : il y aurait à combattre les troupes royales et cependant à garder Paris ; il faut donc une armée provinciale qui vienne d’un ou plusieurs côtés à Versailles, tandis qu’une partie des troupes parisiennes s’y rendrait du sien, et qu’un nombre suffisant veillerait dans la capitale.

Par-dessus tout, il faut veiller aux subsistances.

Le plan de la cour doit être de laisser au temps à miner les forces et les ressources, à amener l’épuisement et d’en profiter ensuite pour tout accabler. La caisse publique une fois établie (et il n’y a pas un moment à perdre), il faut faire afficher que non seulement les grains entreront en liberté, seront payés comptant sur cette caisse, mais qu’on accordera une prime d’encouragement.

Il faut faciliter la circulation de toute manière, bien ordonner la caisse et avoir une telle conduite, qu’elle serve d’exemple et de modèle à toutes les provinces.