Page:Roland Manon - Lettres (1780-1793).djvu/895

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pour le moment rien mander d’intéressant, parce qu’on décachetait les lettres des membres de l’Assemblée. Est-ce une chimère, est-ce une précaution pour découvrir les traces des coupables de lèse-nation ?

On ne voit point paraître cette tragédie tant attendue de Charles IX[1]. Durant quelque temps, on a annoncé les pièces courantes avec cette phrase : en attendant la première représentation de « Charles XI » Maintenant cette phrase même est supprimée.

Que pense-t-on de votre Comité de recherches[2] ? Est-il composé d’hommes honnêtes et vigoureux, et fera-t-il mieux que les précédents qui n’ont été que des figures sans action ? Voilà la pierre d’achoppement, et nous aurons encore une révolution si ces recherches restent sans effet. Les fautes de nos ennemis les instruisent, ils finiront par se mieux concerter et la guerre civile aura lieu.

On se dit tout bas, dans les provinces, qu’il y avait un grand complot des nobles, une réunion projetée en corps d’armée, à des points convenus de ralliement ; les aristocrates ne paraissent point battus, comme après le 14 juillet ; on croit qu’il se trame encore quelque infamie.

Je n’aime point la loi martiale proposée par Mirabeau[3] ; elle serait digne de Dracon, et elle me semble prématurée dans les circonstances.

    de Beaumarchais, avait été un des plus actifs promoteurs de la Révolution. « C’est de la société qui se réunissait chez lui que partirent presque tous les écrits publiés en 1787 et 1788 contre le ministère » (Mém. de Brissot, II, 419-420). Il avait été nommé député du tiers état de la sénéchaussée de Lyon aux États généraux. Mais il venait de suivre l’exemple de Mounier et de se retirer à Lyon chez ses frères, Dominique et Alexandre, dont le plus connu est ce dernier, mort en 1820. Toutefois il ne donna sa démission qu’en mai 1790. — Cf. La lettre de Madame Roland à Brissot du 11 février 1790, et le Patriote français, années 1789 et 1790, passim. — Voir aussi Catalogue des Lyonnais dignes de Mémoire, p. 33.

  1. La tragédie de M.-J. Chénier fut enfin jouée le 4 novembre 1789.
  2. Ce n’est que les 21 et 22 octobre 1789 (Robiquet, 170) que fut définitivement constitué le « Comité de recherches » de la commune de Paris, composé de six membres, dont deux, Brissot et Garran de Coulou était des amis de Bosc. L’Assemblée nationale avait aussi son Comité de recherches. Mais il semble bien que Madame Roland veuille parler ici de celui de la Commune.
  3. La loi martiale fut votée le lendemain, 31 octobre.