Page:Rolland - Colas Breugnon.djvu/311

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bien, ils sont tous soumis, ainsi que nous, à la même héroïne, attachés à son char… Triomphes de Pompée, qu’êtes-vous à côté ?… Elle mène l’histoire. C’est à savoir Fortune dont la roue tourne, tourne, et jamais ne séjourne « en un état, non plus que fait la lune », comme dit, chez Sophocle, Ménélas le cornard. Et cela est encore très bien réconfortant, — pour ceux-ci qui, du moins, sont au premier croissant.

Par moments, je me dis : « Mais, Breugnon, mon ami, en quoi diable peut bien t’intéresser ceci ? Qu’as-tu affaire, dis-moi, de la gloire romaine ? Encore moins des folies de ces grands sacripants ? Tu as assez des tiennes, elles sont à ta mesure. Que tu es désœuvré, pour aller te charger des vices, des misères des gens qui sont défunts depuis mil huit cents ans ! Car enfin, mon garçon (c’est mons Breugnon, rangé, sensé, bourgeois, Clamecycois, qui prône), conviens-en, ton César, ton Antoine, et Cléo leur catin, tes princes persians qui égorgent leurs fils et épousent leurs filles, sont de fiers chenapans. Ils sont morts : dans leur vie, ils n’ont rien fait de mieux. Laisse en paix leur poussière. Comment un homme d’âge trouve-t-il du plaisir à ces insanités ? Regarde un peu ton Alexandre, n’es-tu pas révolté de le voir dépenser, pour enterrer Éphestion, ce beau mignon, les trésors d’une nation ? Passe encore de tuer ! Graine humaine, mauvaise graine. Mais gaspiller l’argent ! On voit bien que ces drôles n’ont pas eu la peine de le faire pousser. Et tu trouves cela plaisant ? Tu écarquilles tes gros yeux, tu es