Page:Rolland - Colas Breugnon.djvu/332

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de ceux-ci, j’en suis assassiné. Que diable, discutez, si pour votre santé il vous est ordonné, sur ce vin de Bourgogne ou sur ce cervelas, sur ce qu’on peut voir, ou boire, ou toucher, ou manger : nous mangerons, boirons afin de contrôler. Mais discuter sur Dieu, bon Dieu ! sur le Saint-Esprit, c’est montrer, mes amis, que d’esprit l’on n’a guère !… Je ne dis pas de mal de ceux qui croient : je crois, nous croyons, vous croyez… tout ce qu’il vous plaira. Mais parlons d’autre chose : n’en est-il pas, au monde ? Chacun de vous est sûr d’entrer au paradis. Fort bien, j’en suis ravi. On vous attend là-haut, la place est retenue pour chacun des élus ; les autres resteront à la porte ; c’est entendu… Eh ! laissez le bon Dieu loger comme il lui plaît ses hôtes : c’est son office, et ne vous mêlez pas de faire sa police. À chacun son royaume. Le ciel à Dieu, à nous la terre. La rendre, s’il se peut, plus habitable est notre affaire. On n’est pas trop de tous, pour en venir à bout. Croyez-vous qu’on pourrait se passer d’un de vous ? Vous êtes tous les quatre utiles au pays. Il a autant besoin de ta foi, Jean-François, en ce qui a été, que de la tienne, Antoine, en ce qui devrait être, de ton humeur aventureuse, Aimon-Michel, qu’Anisse, de ton immobilité. Vous êtes les quatre piliers. Qu’un seul fléchisse et la maison s’écroulera. Vous resteriez, ruine inutile. Est-ce là ce que vous voulez ? Bien raisonné, ma foi ! Que diriez-vous de quatre mariniers qui, sur les flots, par le gros temps, au lieu de faire la manœuvre, ne penseraient qu’à disputer ?… Je me souviens d’avoir ouï,