Page:Rolland - Colas Breugnon.djvu/61

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ment, son orient, son occident, les quatre points du firmament, et l’autre au ciel resplendissant. Son succès fut éclatant. Elle n’en fut intimidée, prit sa Glodie, et l’embrassa, et la claqua.

Enthousiasmé par ses appâts, n’écoutant pas son capitaine, un grand soldat dans le fossé bondit et vint à elle, tout courant. Elle attendit. De nos remparts nous lui jetâmes un balai. Elle l’empoigna, et bravement sur l’ennemi elle marcha, et trique et traque, pati patac, le galant n’en menait pas large, et tue ! et rue ! il décampa, sonnez trompettes et clairons ! On hissa la triomphatrice, avec l’enfant, parmi les rires des deux camps ; et je tirais, fier comme un paon, la corde au bout de laquelle montait ma gaillarde, qui exposait à l’ennemi l’astre des nuits.

On mit une semaine encore à discuter. (Toutes les occasions sont bonnes pour causer.) Le faux bruit de l’approche de M. de Nevers nous mit enfin d’accord ; et l’entente se fit, en somme, à bon marché : nous promîmes à ceux de Vézelay la dîme des vendanges prochaines. Fait bon promettre ce qu’on n’a, ce qu’on aura… On ne l’aura peut-être pas ; dans tous les cas, sous les ponts l’eau passera, et du vin dans notre estomac.

Des deux côtés, nous étions donc bien satisfaits les uns des autres, et de nous beaucoup plus encore. Mais à peine sortis de l’averse, nous vint nouvelle pluie. Ce fut dans la nuit justement qui suivit le traité, qu’aux cieux parut un signe. Sur les dix heures, il sortit de derrière Sembert, où il était tapi, et, glissant dans le pré des étoiles, vers